Les banques privées apparaissent aujourd'hui comme une solution complémentaire de financement pour les startups. Elles interviennent dans diverses situations, notamment comme avec l’effet de levier suite à une levée de fonds (cf notre article Comprendre l'effet de levier en 5 points clés et mieux financer sa start-up). La spécificité de ce type de financement est le niveau d'exigence qui peut être beaucoup plus élevé et cadré que d’autres solutions de financement non-dilutives.
Auparavant, la relation entre les banques et les startups n'était pas claire. En effet, les startups ont de nombreuses spécificités qui ne sont pas nécessairement alignées avec le modèle d'affaires des banques, notamment le risque élevé qui les accompagne. C'est ce qui a poussé les jeunes pousses, surtout dans leurs phases d’amorçage, à rechercher d'autres possibilités de financement comme les Business Angels ou les fonds de Venture Capital. Toutefois, cette relation est en train d'évoluer, les banques commencent à devenir de plus en plus engagées et impliquées dans le financement de la Tech, en montrant plus d'intérêt pour l'écosystème, notamment parce que ce dernier à su démontrer son potentiel de croissance et sa maturité nouvelle.
Même avec leurs particularités, les banques privées présentent de nombreux avantages pour les startups. En effet, ces financeurs permettent aux entrepreneurs de limiter leur dilution en finançant leur croissance par de la dette (bas de bilan). C'est-à-dire qu’ils auront la possibilité de collecter les fonds nécessaires sans avoir à renoncer à une part de capital ou même au contrôle de l'entreprise. Cette solution peut également augmenter la valorisation de l'entreprise avant un tour de financement.
Le stade d'intervention varie d'une banque à l'autre, mais la plupart préfèrent intervenir une fois que la startup dispose d'un modèle économique performant et que les fondateurs sont en mesure de justifier qu'ils pourront multiplier les revenus et par conséquent pouvoir honorer leurs engagements vis-à-vis de la banque.
Il convient de comprendre avant de se lancer dans le fonctionnement de ce mécanisme les différentes perspectives des banques et des entrepreneurs, et spécifier les différents intérêts des deux parties.
Du côté de l'entrepreneur, avoir un partenaire bancaire permet de compléter des tours de table avec des montants volumineux. Pour une levée de fonds supérieure à 500k€, Bpifrance, en tant qu’organisme, peut rarement intervenir seul et a donc besoin d’une autre structure pour partager le risque.
Recourir à cette piste permet également à l’entrepreneur d'avoir un partenaire de confiance sur le long terme et d'avoir accès à différents services bancaires, notamment un compte bancaire, des facilités de paiement, un crédit-bail, etc. Ainsi, la banque peut devenir un allié non négligeable pour le développement d’une startup.
Du côté des banques, une notion importante doit être détaillée en premier lieu. Il s'agit de la notion de " Flux ". Pour mieux comprendre ceci, il est nécessaire de préciser le calcul du Produit Net Bancaire (PNB), qui, concrètement, représente le revenu que la banque dégage de ses opérations d'exploitation.
Il se calcule avec la formule suivante :
PNB = (charges d’exploitations + intérêts et commissions dus) - (produits d’exploitation + intérêts et commissions perçues).
D’une manière plus simplifiée :
Business model du banquier = Flux + Financement
Disposer de flux et donc de liquidités permet aux banques de mieux mener leurs activités quotidiennes.
Dans l’étude des dossiers, les banquiers disposent d'un spectre d'analyse financière approfondi, d'où l’importance de la notion du risque. Le banquier a intérêt à avoir le taux de défaut le plus faible. La première question qu'il va se poser est liée à la santé financière de l'entreprise. Un critère qui pourrait être vérifié à partir des dernières liasses fiscales de la startup. Pour être plus précis, il s'agit du ratio d'endettement qui se calcule comme suit :
Ratio d’endettement = (Dettes / Fonds propres)*100
Ce ratio permet de mesurer l'ampleur de l'effet de levier d'une entreprise et d'obtenir une visibilité sur son degré de dépendance financière vis-à-vis de tiers. Ainsi, grâce à ce ratio, le banquier est capable de déterminer la solvabilité de l'entreprise, et de voir si elle est capable de s'endetter au niveau prévu. Plusieurs éléments entrent en jeu pour interpréter ce ratio, notamment la taille de l'entreprise, le secteur d'activité, etc. Mais en général, un ratio jusqu’à 50% est considéré comme sain, au-delà les banques vont se demander si l’entreprise va être capable de rembourser ses emprunts, rendant l’obtention d’un nouveau financement bancaire plus compliqué. Ce qu'il faut retenir, c'est que les banques ne s'engageront pas auprès d'une start-up en difficulté financière.
Les conditions bancaires sont particulières et se présentent comme suit :
- Taux entre 3% et 6%
- Pas de différé (6 mois max)
- Durée de remboursement 4 ans ou 5 ans
Les garanties constituent également un aspect important lors de ce processus. En effet, les banquiers privés proposent généralement différents types de garanties telles que la garantie Bpifrance, l'EGF et le nantissement du prêt (modification des conditions de décaissement du prêt).
Pour aller plus loin 📚
Comprendre les effets de levier en 5 points clés et mieux financer sa start-up
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