Selon Bpifrance, le terme de “deeptech” se rapporte à des technologies ou combinaisons de technologies présentant quatre caractéristiques propres :
- Elles doivent être issues d’un laboratoire de recherche (public ou privé) et/ou s’appuyer sur une équipe voire une gouvernance en lien fort avec le monde scientifique.
- Elles doivent présenter de fortes barrières à l’entrée, matérialisées par des verrous technologiques difficiles à lever.
- Elles constituent un avantage fortement différenciateur par rapport à la concurrence.
- Elles sont caractérisées par un go-to-market long et complexe, probablement capitalistique.
Autrement dit, les startups de la deeptech sont le fruit d’années de recherche et d’expérimentation (en mathématiques, physique, médecine, ingénierie), portées par des profils scientifiques et aboutissant à la commercialisation d’une technologie de rupture.
Les sujets de prédilection sont multiples et répondent aux enjeux pressants du XXIe siècle. On trouve ainsi les alternatives aux produits animaliers ou les jeux de réalité virtuelle en B2C ; la cybersécurité, les batteries électriques ou l’agriculture verticale en B2B ; ou encore les nouveaux traitements médicaux développés avec l’IA ou la réalité virtuelle en B2B2C.
L’ensemble des sources de financement accessibles aux entreprises deeptech
Le référentiel temporel propre aux deeptech (avec de longs cycles de R&D et une perspective de commercialisation lointaine) les rend très gourmandes en capital. Leur besoin en financement est conséquent et étalé dans le temps. Une réalité qui met en lumière les limites du modèle traditionnel de financement via capital-risque :
- Seuls les fonds d’investissement peuvent accorder un montant conséquent de capital, ce qui se traduit par une “vallée de la mort” plus large qu’accoutumé pour les entrepreneurs du secteur. Certains business angels sont certes actifs dans le milieu, mais cette prise de risque accrue s’explique généralement par l’expertise de l’individu dans le secteur d’application de la solution. La deeptech reste en définitive un terrain de chasse d’initiés.
- Les véhicules d’investissement ayant une durée de vie d’environ une décennie et le cycle de recherche des deeptech étant parfois presque aussi long, la question du timing est essentielle.
- Lever des fonds aboutit à une dilution progressive des fondateurs. Il est stratégique pour l’équipe de bien gérer l’argent levé afin de le répartir intelligemment sur les années de travaux de recherche. Nous n’avons pas pu trouver de données à ce sujet, mais il serait intéressant d’étudier si les fondateurs de deeptech sont en moyenne plus dilués lors de leur IPO.
- La deeptech est hors catégorie pour la due diligence des investisseurs : en effet, quels métriques utiliser pour mesurer les avancées de l’équipe de chercheurs ? Quelles conclusions tirer en cas de fausse route ou d’impasse ? Comment évaluer le burn rate de la startup ? A quelles étapes se référer pour déterminer la maturité de la startup lorsque le référentiel temporel est si particulier ? Tout dépend des secteurs d'application de la solution développée (médecine/santé, intelligence artificielle, etc.), les métriques sont alors propres à chaque investisseur (dont la liste est à retrouver ici !).
- Le roadshow pour lever des fonds est éreintant pour les fondateurs et nécessite de mettre en pause l’opérationnel, alors que c’est précisément sur cela qu’ils doivent maintenir la concentration.
Les deeptech ont besoin d’un véritable continuum de financement pour maintenir un niveau suffisant de capitaux, sur le long terme et tout en limitant la dilution des fondateurs. C’est là qu’intervient le financement public non dilutif, multiface et ponctuel.
La French Tech est régulièrement saluée pour la qualité et l’étendue de ses dispositifs de financement public. Aides à l’innovation (BFT, ADI), aides fiscales (CIR, CII), prêts d’amorçage (PAI), prêts d’honneur (Réseau Initiative, Réseau Entreprendre), concours (i-Lab, i-Nov, i-PhD) et donations… la liste est longue. Un ensemble de solutions particulièrement intéressant pour les deeptech, puisque leur caractère innovant leur permet de cocher de nombreux critères pour ces aides. N’hésitez pas à vous rapprocher de notre équipe Advisory pour un accompagnement et une optimisation de vos dossiers. Pour votre référence, vous pouvez retrouver nos derniers clients accompagnés ici.
En outre, les banques se montrent particulièrement actives dans le financement des startups et des prêts sont envisageables en later-stage pour les deeptech, une fois les principales étapes de développement technologique et d’incertitude passées.
Les principales sources de financement non-dilutives à destination des deeptech
Les dispositifs spécifiques français
Éminemment stratégique, la deeptech rend les entreprises mais surtout les Etats compétitifs sur la scène internationale. Dans ce contexte de course à l’innovation, le gouvernement français a mis en place des programmes d'investissements d'avenIr (PIA) et le plan deeptech. Dotées de plus de 2,3 milliards d'euros, ces programmes s'inscrivent dans la stratégie "Startups industrielles et deeptech" et se décomposent en trois axes :
- Axe 1 : Un plan dédié au financement de l'industrialisation des start-ups et PME innovantes qui comporte :
- Un appel à projets "Première usine" pluriannuel doté de 550 millions d’euros pour des aides à des projets d’industrialisation.
- des prêts de 3 à 15 millions d’euros lancés début mars 2022 pour financer la phase de démonstrateur industriel ou d’usine pilote et soutenir ainsi la transition entre le prototype fonctionnel et l’usine de production.
- d'investissements en fonds propres
- Axe 2 : Un renforcement du soutien à l'émergence des deeptech - Cet axe doté de 275 millions d’euros s'articule autour notamment de l'interlocuteur privilégié des entrepreneurs français, Bpifrance dispose d’une expertise (via ses fonds thématiques) et d’une répartition régionale optimale (avec près de 50 implantations) pour mener à bien cet ambitieux plan. 75% des 1 500 startups deeptech se situent en effet hors d’Île-de France (source : Bpifrance).
- La Bourse French Tech Emergence : cette subvention de maximum 90k€ s’adresse aux entreprises de moins d’un an et répondant aux critères deeptech cités plus haut. Le projet présenté (incluant à cet étape de développement des études de faisabilité principalement) doit durer entre 12 à 18 mois et peut être couvert jusqu’à 70%.
- L’Aide au développement deeptech : cette aide est un mélange de subvention et d’avance récupérable jusqu’à 2m€. Elle s’adresse aux entreprises deeptech plus matures, ayant déjà réalisé leur PoC. Le projet présenté (incluant des dépenses de R&D et de validation de la technologie) doit durer entre 12 à 36 mois et peut couvrir jusqu’à 35% (pour les moyennes entreprises) ou 45% des dépenses (pour les petites entreprises).
- Le Fonds French Tech Seed : lancé en juin 2018 et opéré par Bpifrance, ce fonds intervient sous forme d’obligations convertibles pour un montant compris entre 50k et 250k€. Il est accessible aux TPE de moins de trois ans, développant une technologie de rupture et venant de clôturer une levée de fonds.
- Non exclusif aux deeptech mais s’adressant plus largement aux entreprises fortement innovantes, les concours d’innovation (i-Lab et i_PhD) de Bpifrance sont également à considérer. Le concours i-Lab en particulier accorde une subvention allant jusqu’à 600k€ pour les jeunes entreprises technologiques basées sur les travaux de la recherche publique.
- Axe 3 : la création d'un guichet unique dédié aux start-ups industrielles
- Ce guichet piloté par la Mission French Tech a pour objectif de faciliter l'accès des start-ups aux dispositifs d’accompagnement de l’Etat et leur information sur les dispositifs de financement publics.
Les dispositifs européens et internationaux
Au niveau européen, la volonté des élus est de soutenir la croissance des startups les plus prometteuses du continent afin de pouvoir se mesurer aux géants américains et chinois. Le programme Horizon Europe, à travers trois piliers, dont le troisième a pour vocation le soutien à l’innovation avec un budget de 13,6 Mds €, appelé « Europe plus innovante » vise à développer l'innovation en Europe, en particulier l'innovation à haut risque dans les technologies de rupture et la meilleure intégration des acteurs dans les écosystèmes d'innovation.
Dans le cadre de ce programme, la deeptech est particulièrement mise en avant. Diverses institutions européennes proposent subventions, garanties, prêts ou encore instruments de dette à destination des startups les plus prometteuses :
- Le Conseil européen de l’innovation (EIC en anglais) propose des subventions, un accompagnement et de nombreuses opportunités de networking. Il intervient en amont, pour de petits montants.
- L'Institut européen d'innovation et de technologie (EIT) propose des subventions, de l’equity, un accompagnement et facilite le networking. Il intervient également en amont, pour de petits montants.
- Le Forum européen d’innovation (EIF) propose des instruments d’equity, de dettes et des garanties. Il intervient à partir de la Série A.
- La Banque européenne d'investissement (BEI en français) propose des prêts, des instruments d’equity, de dettes ainsi que des garanties. Elle intervient en later-stage, pour faire effet de levier sur les levées de fonds.
Pour illustrer les actions de ces institutions, le Conseil européen de l'innovation (EIC) a récemment investit 15 millions d'euros et octroyé une subvention de 2,5 Millions d'euros à la deeptech française SiPearl. Cette start-up conçoit des microprocesseurs pour les nouvelles générations de supercalculateurs européens. Ces supercalculateurs, qui peuvent effectuer un milliard de milliards de calculs à la seconde, servent à faire de la simulation ou de la modélisation dans les domaines de la recherche médicale ou de la lutte contre le changement climatique.
A noter que ce soutien a vocation à s'accélérer, puisque le programme Horizon Europe entend renforcer son attention sur un nouveau secteur, à la rencontre de la deeptech et de la green tech : le “Deep Green”. Les startups deeptech à impact environnemental positif auront désormais encore plus de chance d’obtenir un dispositif de l’UE.
Au-delà de l’UE, d’autres dispositifs à destination de startups fortement innovantes existent :
- Le dispositif EUREKA : le réseau intergouvernemental soutient la réalisation de projets innovants entre entreprises de différents pays. 46 pays y sont associés (majoritairement européens) et choisissent les appels à projet qu’ils souhaitent financer. Une fois le projet retenu, le financement est ensuite accordé par les agences d’innovation nationales sous forme d’avance récupérable ou de prêt innovation.
- Le dispositif Eurostars : Eurostars est un programme initié par EUREKA et la Commission européenne afin de financer des projets de R&D internationaux entre 36 pays (majoritairement européens). Le mode de financement est le même, à savoir qu’une fois retenu, le projet est financé par l’agence d’innovation de son pays d’origine sous forme de subvention.
La liste des sources de financement public à destination des deeptech met en évidence un réel engouement pour le secteur. Les Etats ont décelé l’enjeu de croissance, de souveraineté et de compétitivité derrière ces technologies de rupture. Pour les entrepreneurs français de la deeptech, le principal interlocuteur pour ces dispositifs reste Bpifrance, puisqu’elle propose un continuum de financement avantageux. C’est également le financeur in fine des dispositifs intergouvernementaux EUREKA et Eurostars.
Eldorado accompagne les startups deeptech dans l'obtention de ces financements. Vous trouverez ci-dessous quelques testimonials de clients qui ont obtenu l'ADD ou ont été lauréat du concours d'innovation I-Nov grâce à Eldorado. Si vous aussi vous souhaitez vous faire accompagner dans l'obtention de ce type de dispositif, vous pouvez directement répondre à ce formulaire et nous reviendrons vers vous pour procéder à un audit gratuit.
Scibids AI : premier acteur deeptech de marketing digital à offrir une couche intelligente qui se branche directement sur les plateformes à la demande pour optimiser les campagnes. Ils ont été lauréats du prestigieux concours d'innovation I-Nov. Rémi Lemonnier - CEO @ Scibids "Eldorado nous a accompagné sur le dépôt de notre candidature au concours i-Nov. Grâce à leur expertise, nous avons pu monter un dossier cohérent et mettre l’accent sur les points les plus pertinents de notre projet et son innovation. Cette collaboration nous a ainsi permis d’être lauréats du concours d’innovation national et obtenir un financement important pour notre entreprise !" |
Finovox a obtenu l'ADD (Aide au développement deeptech), pour le développement de sa solution de detection de faux documents basée sur de l'intelligence artificielle et le machine learning. Marc De Beaucorps - CEO @ Finovox "Grâce à Eldorado, nous avons pu obtenir un soutien public de financement dédié aux entreprises Deeptech : l'ADD - l'Aide au Développement Deeptech. Ce fut un parfait effet de levier de notre levée de fonds et nous avons beaucoup apprécié le suivi et le soutien de Jean-Baptiste et de l'équipe pour l'ensemble du processus d'obtention de cette aide importante." |
Pour aller plus loin :
- La stratégie startups industrielles et deeptech du gouvernement France 2030
- Guide Deeptech : Financer son projet de startup Deeptech Bpifrance
- La France, terreau fertile pour les deep tech ? Usine Digitale
- Le casse-tête du financement de la Deep Tech française Wydden
- Les fonds deeptech et lifesciences en France Eldorado.co
- L'ADD - Aide au développement Deeptech Eldorado.co