HER-VEST #1

Eldorado et la FrenchTech Grand Paris s’associent pour mettre en avant les femmes qui font la Tech françaises.


Ecosytème startup
Publié le 10/10/2022

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On évoque souvent le déséquilibre notable de l’écosystème en termes de mixité : moins de femmes entrepreneuses, et surtout beaucoup de difficultés à se financer. C’est pour cela que chez Eldorado nous suivons mensuellement les levées de fonds menées par des femmes fondatrices ou co-fondatrices de startups et restons très attentifs aux évolutions et initiatives mises en place pour plus d’équilibre. 



Mais l’écosystème Tech n’est pas seulement constitué d’entrepreneuses et d’entrepreneurs…

Que se passe-t-il de l’autre côté de la table ?



En collaboration avec la French Tech Grand Paris, nous avons décidé de mettre en lumière les femmes qui investissent. Celles qui ont décidé de se lancer dans le Venture Capital, de partager leur expérience et de mettre à disposition leurs compétences pour accompagner les entrepreneurs et entrepreneuses dans le développement de leur projet. 

Nous vous proposons donc une série de portraits de femmes Business Angels ou travaillant en fonds d’investissement pour vous faire découvrir ou redécouvrir le parcours de ces femmes inspirantes et les raisons qui les ont menées à l’investissement en startup, les difficultés rencontrées et les apprentissages tirés. 

Pour notre premier portrait, Vera Baker a accepté de se prêter à l’exercice et nous la remercions vivement !  

Vera cumule plusieurs cordes à son arc. C’est une entrepreneuse américaine, opératrice, Business Angel et Venture Partner chez Unconventional Ventures, désormais installée en France. Elle a également construit une communauté mondiale de femmes de couleur (et leurs alliés) via For Colored Girls Who Tech, une newsletter mettant en avant l'entrepreneuriat et le capital-risque au sein de l'écosystème Tech.

Découvrez ici notre échange passionnant avec Vera :

Dans un premier temps, pouvez-vous revenir sur votre parcours professionnel ?
J’ai un background politique à l’origine, j’ai commencé ma carrière en travaillant sur des campagnes politiques pendant plus de dix ans et j’ai effectué un passage à Wall Street avant de fonder ma première entreprise. Lorsque j'ai déménagé en France, j'ai décidé de mettre à profit mon expérience et de proposer du consulting à des startups cherchant à accéder aux marchés américains. J'ai rejoint l'équipe d'Afrostream en 2016 peu de temps après qu’ils aient terminé le Y-Combinator. Nous avons levé plus de 4 millions de dollars en financement de seed, ce qui était beaucoup à l'époque. Au fil des années, j'ai travaillé pour diverses startups avant de changer de rôle d'opérateur à celui d’investisseur. Je suis dorénavant Venture Partner  chez Unconventional Venture, Business Angel Atomico et j’ai lancé “For Colored Girls Who Tech” une newsletter pour mettre en lumière les femmes de couleur qui travaillent dans la Tech et dans le Venture Capital. 


Pourquoi vous êtes-vous lancée dans l’investissement en startup ?
J’ai commencé l’investissement en startup par curiosité. J’ai réalisé mes premiers investissements en 2010 dans l’immobilier. À l’époque, on entendait beaucoup dire que le marché était tendu, que ce n’était pas l’idéal pour investir en immobilier, mais pour moi cela a été le moment parfait pour acheter à Miami. Et puis, j’ai eu envie de me lancer dans des placements plus risqués.
Mais la première étape avant de me lancer dans le Venture Capital a été de me former. Je me suis inscrite à Angel Investing School, une formation sur six semaines, en ligne pour apprendre les bases de l’activité de business angel. Pour moi c’était primordial de m’éduquer auprès d’experts du secteur et de prendre confiance sur ce sujet. 

Quel a été votre premier investissement ?
J’ai réalisé mon premier investissement à travers un SPV (Special Purpose Vehicle - véhicule d’investissement permettant de réunir plusieurs investisseurs pour réaliser un deal unique). J’ai investi en 2020 dans Planet Fwd, startup américaine fondée par une femme de couleur, basée dans la baie de San Francisco, tout comme moi. La startup a développé une plateforme de gestion des émissions carbone. Depuis, la startup a d’ailleurs re-levé 10 m$ il y a cinq mois

Avez-vous rencontré des dificultés particulières en tant que femme dans l’investissement ?
Non, pas vraiment. À partir du moment où vous avez des capacités d'investissement, vous trouverez des deals à réaliser. La difficulté principale quand on commence à investir est d’accéder à un dealflow de qualité. Pour cela, il faut rencontrer des personnes de l’écosystème, passer du temps à développer votre activité et votre réseau, participer à des évènements, etc. 

Justement, pouvez-vous nous en dire plus sur votre technique pour trouver les meilleurs deals ? 
Je suis en veille permanente. Je me renseigne, je lis, je vais sur Crunchbase, Techcrunch, Sifted, etc. La majorité des projets que je reçois ne correspond pas nécessairement à ma thèse, ou je ne vois pas forcément ce que je pourrais apporter en tant qu’investisseur. Encore une fois, c’est à travers mon réseau que j’accède à des dossiers intéressants. Et si vraiment un projet me parle, je vais contacter moi-même l’entrepreneur. 

Quelles différences notables observez-vous entre le venture capital en France et aux US ?
C’est vrai qu’aux Etats-Unis, la culture “startup” est implantée depuis plus longtemps. L’écosystème est plus développé, on est sur une deuxième génération. Du côté investisseur, je dirais qu’il y a plus de profils avec un parcours opérationnel, d’anciens entrepreneurs devenus investisseurs par exemple. Du côté des entrepreneurs, il y a moins de serial entrepreneurs (entrepreneurs qui fondent plusieurs entreprises) en France qu’aux Etats-Unis, et certainement moins de diversité dans ces profils. 

Avez-vous des secteurs de prédilection ? Si oui lesquels ?
Je me concentre sur les projets à impact, qui s’inscrivent dans une démarche de développement durable : les solutions pour un futur plus respectueux de l’environnement, l'économie circulaire, la lutte contre le gaspillage alimentaire, et l’innovation dans la FoodTech. 

Jouez-vous un rôle auprès des entrepreneurs dans lesquels vous investissez ?
Oui, parfois j’adopte le rôle de mentor, parfois de conseiller, ou parfois je leur permets simplement de faire les bonnes connexions avec des personnes qui pourraient leur apporter quelque chose. Si je suis capable de leur apporter ce dont ils ont besoin à travers un de ces rôles, alors je le fais.

Avez-vous un focus particulier sur les projets fondés par des femmes ?
Je n’investis pas exclusivement dans des startups fondées ou co-fondées par des femmes, je pense que c’est important de ne pas se fermer à de bonnes opportunités. Mais si en analysant l’équipe, je vois qu’il n’y a ni fondatrice, ni conseillère, mentore, investisseuse, bref aucune femme dans l’équipe, alors ça ne sera probablement pas une opportunité pour moi. Sur les 10 startups de mon portefeuille, 3 sont fondées par des hommes, 2 d’entre elles sont fondées par des hommes issus de la diversité. 70% des entreprises de mon portefeuille ont une femme comme CEO : Shellworks (Insiya Jafferjee), Sojo (Josephine Philips) , Sundial Foods (Jessica Schwabach et Siwen Deng), Green Planet Astronauts (Milla Westerling), Faircado (Evoléna de Wilde d'Estmael) etc. 

Quels conseils pourriez-vous donner à une femme qui voudrait se lancer dans l’investissement ?
Je lui dirais que la première chose à faire est de bien comprendre ce que cela implique d’être Business Angel et pour cela, de ne pas hésiter à rencontrer du monde, à intégrer des communautés, des réseaux. Ensuite, de ne pas hésiter à diversifier ses investissements et pourquoi pas commencer par du crowdfunding (Funderbeam, Crowdcube, Kiss Kiss Bank Bank, etc.). Vous n’êtes pas obligés d'investir dès le début en direct dans les startups, vous pouvez d’abord investir au travers de SPV ou de Club deal, pour investir auprès d’autres Business Angels. Allez-y pas à pas, apprenez, devenez meilleurs, et au fur et à mesure que votre réseau s’étendra vous sourcerez de meilleurs deals.  

Enfin, comment vous contacter ?
Linkedin est un bon vecteur, avec un message contextuel afin que je comprenne pourquoi la personne me contacte et veut que l’on se connecte, qu’elle qualifie ses besoins et m’explique pourquoi elle souhaite entrer en relation avec moi. 

Avec la contribution de
aude@eldorado.co's picture
Aude Delépine

Eldorado


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