Les conseils à destination des entrepreneurs se multiplient afin de naviguer au mieux cette crise naissante. Le gouvernement et Bpifrance ont mis en place un ensemble d’aide pour maintenir les startups et leur trésorerie à flot (à retrouver ici) et les fonds d’investissements sont les premiers à encourager la révision des prévisions de ventes, la réduction des dépenses et le recours au chômage partiel.
Dans cette période d’incertitude, les échanges entre investisseurs et entrepreneurs sont ralentis voir stoppés. Investisseurs, les entrepreneurs ont besoin de vous et d’un engagement clair de votre part !
Ceux de vos portfolio, mais également ceux avec lesquels vous échangez déjà et ceux qui s’apprêtent à prendre contact. Un signal fort est nécessaire afin de rassurer l’écosystème. La gestion des répercussions économiques du COVID-19 par les diverses parties prenantes restera dans les mémoires.
Que peuvent faire les investisseurs ?
- Apporter un soutien additionnel et personnalisé aux startups de votre portfolio : les échanges avec vos startups doivent être fréquents et efficaces, afin d’éviter les risques d'asymétrie d’information et offrir les conseils les plus adaptés à chaque situation. Il est important de rassurer les entrepreneurs en vous montrant à l’écoute, en orientant vers d’autres sources de financement et en usant de vos ressources et réseau pour les soutenir au mieux.
- Identifier les entreprises les plus à risque : une approche pour évaluer le risque de défaillance de chaque entreprise est de raisonner en catégories selon Jean de La Rochebrochard. Il faut “sauver la casse” sur les projets qui présentent des metrics et assets intéressants/ont une belle équipe, à condition de revoir le burn rate et les effectifs. Les entreprises en fin de cycle de financement vont également devoir couper dans les effectifs afin de maintenir et conforter leur croissance. Les startups qui ont peu de cash burn et d’effectifs ne posent pas problème pour le moment. En revanche, les projets qui n’ont plus de cash et peu de perspectives de croissance vont nécessiter un engagement clair.
- Maintenir l’étude du dealflow : les belles opportunités continueront de se présenter, d’où la nécessité de rester “open for business”. Le rythme sera probablement ralenti, mais les pépites françaises auront toujours besoin de fonds compétents pour les épauler et financer. Le marché français a connu une année record l’année passée, enregistrant des tours de table historiques. Les ambitions en sont décuplées, d’où la nécessité de maintenir l’étude de nouveaux deals, au risque de les voir se rediriger vers d’autres nationalités et profils d’investisseurs.
- Continuer au maximum les échanges en cours : retirer des term sheets brutalement serait envoyer un mauvais signal aux entrepreneurs, signal qui risquerait de se propager à l’écosystème et nourrir l’incertitude ambiante. Dans la même lignée, se concentrer uniquement sur la gestion du portfolio a pour conséquence directe de passer à côté d’opportunités. Au pire des cas, les discussions peuvent toujours être reportées. Nous appelons à l’empathie des équipes d’investissements pour les processus déjà bien lancés et mis en difficulté. Plusieurs entrepreneur(e)s font déjà des retours de fonds ayant stopé les relations de façon peu cordiales ou brutales sans donner d’explications !
- Maintenir au maximum les valorisations : les récessions font toujours diminuer les valorisations. La différence majeure avec la situation actuelle comparé à 2008 est que l’économie ne souffre fondamentalement pas de problèmes structurels. Négocier des valorisations plus faibles ou des clauses spécifiques envoie à nouveau des signaux forts à l’écosystème. J2LR note que l’activité VC est en train de reprendre doucement en Asie, à voir quelle sera la situation en Europe après cette période.
- Envisager le recours à des coups de pouce financiers pour vos startups : que ce soit via des bridge (en equity), notes convertibles (en dette) ou BSA-AIR (en quasi-equity), des solutions existent pour aider temporairement les startups de votre portfolio et les tirer d’une mauvaise passe. Le manque de cash est la principale raison pour laquelle les startups échouent, il est donc important d’être au fait de la situation économique de chaque entreprise afin de sortir le chéquier au moment venu.
- Conserver des capacités de financement pour de nouveaux investissements : le manque de fonds n’est pas d’actualité pour le venture capital. 1,5 milliards de dollars sont disponibles actuellement et prêts à être investis. Attention toutefois à ne pas surconcentrer le cash sur vos participations actuelles dans un effort de les protéger, afin de continuer à pouvoir financer de nouvelles opportunités.
- Continuer à lever des fonds auprès de LPs : le dry capital disponible va continuer d’augmenter via la création de nouveaux véhicules et first time funds, certes à un rythme ralenti. NEA a annoncé la clôture d’un nouveau véhicule d’investissement de 3,6 milliards de dollars au début du mois, son plus important à date, ce qui laisse présager de nouvelles opérations à moyen-terme.
Food for thought
- Coronavirus: The Black Swan of 2020, Sequoia Capital
- Live Storm “Radio Château” sur les nouvelles stratégies des fonds VC, J2LR
- Office Hours sur le refinancement des startups, Jean-David Chamboredon et Patrick Robin
- What Could the Venture Market Look Like in the Coronavirus Era, Tomasz Tunguz
- Funding in the Time of Coronavirus, Mark Suster
- Early Stage Technology Funding In The Time Of Coronavirus, Forbes
- Venture capital open for business on record amounts of dry powder, AXIOS