Chez Eldorado, nous avons pour ambition d’analyser plus en détails les tendances derrière les levées de fonds et de livrer une analyse plus poussée que leur simple recensement. Voici donc notre nouvelle analyse mensuelle des perspectives et enjeux liés au financement des startups françaises en 2020.
Petit rappel important : il est évident qu’une levée de fonds n’est pas un gage de succès pour un projet. C’est le commencement d’une nouvelle histoire pour la startup, qui avec la confiance de nouveaux investisseurs, va pouvoir accélérer significativement le développement de son produit ou de son projet, et l’acquisition d’utilisateurs ou de clients. Nous rappelons aussi qu’une fois que les VC intègrent le capital, la startup n’a que pour seul objectif à terme : être rachetée à un prix élevé, ou entrer en bourse.
LEVÉES RÉPARTIES PAR MONTANT
À titre de comparaison par rapport à novembre 2019, les montants levés ont baissé de 15%. Les investissements dans le capital-risque n’ont pas le même rythme que septembre-octobre. Ainsi cela se ressent sur les montants levés. On remarque un disparate croissant entre les levées de fonds avec une moyenne de 8,8m€ et une médiane de 2,4m€. Cette hétérogénéité s’explique en partie par la levée de fonds d'Innovafeed qui représente à elle seule 140m€.
A titre de comparaison, au mois d'octobre 2020, la moyenne était de 13,8m€ et une médiane de 1,4m€. Le mois de novembre est ainsi marqué par de nombreuses opérations d’un montant inférieur à un million d’euros (30% des levées).
ÎLE-DE-FRANCE VS AUTRES RÉGIONS
L’Île-de-France est la région où il y a le plus d’investissement en France par rapport aux autres régions. Sur les 406 millions d’euros levés par les startups françaises en novembre 2020, 220 millions d’euros ont été levés par 30 startups d’île de France. Cela représente 64% des investissements en volume et 54% des montants levés. D’un autre côté, nous avons pour la première fois depuis bien longtemps les Hauts-de-France. Cela est dû à Innovafeed, basé à Nesle, qui a levé 140m€.
NOMBRE DE FEMMES CEO
Sur les 45 startups ayant levé des fonds durant le mois de novembre 2020, 4 sont dirigées par des femmes en position de CEO (autant que le mois de d'octobre 2020). Ces 4 startups ont levé ensemble 30 millions d’euros sur 406m€ (contre 3 millions d’euros en octobre 2020). Cela représente 7% du montant total des levées de Septembre 2020.
Les startups co-fondées par des femmes sont sous-représentées et ne représentent que 8% des startups.
TOP 3 DES LEVÉES D’OCTOBRE 2020
Innovafeed
Après une levée de 65 millions d'euros en 2018, InnovaFeed annonce un tour de table de 140 millions d'euros dont la moitié en equity. Après 18 mois de travaux, le principal concurrent de Ÿnsect vise à devenir leader du marché. Cette usine devrait permettre d’atteindre une capacité de production annuelle de 15 000 tonnes de protéines par an.
De plus, la société compte principalement sur cette nouvelle levée de fonds qui devrait permettre une croissance dans tous les sens du terme. Ce nouveau tour de table de 140 millions de table réalisé auprès de Creadev et Temasek doit préparer la construction d’une deuxième usine, en 2021 basée aux Etats-Unis avec une capacité 4 fois plus grande que l’usine nesloise.
En bref, les pépites françaises semblent bien s’implémenter dans le marché de l’alimentation animale qui devrait représenter 500 000 tonnes d’ici 10 ans.
Yubo
Un an après une levée d'environ 11 millions d'euros, le réseau social français Yubo annonce un nouveau tour de table, près de quatre fois plus important. La startup, qui a conquis les Etats-Unis avant la France, entend profiter de la prochaine année pour s'implanter en Asie. La société a dépassé les 40 millions d’utilisateurs dont plus de la moitié aux Etats-Unis et qui représentent la grande partie de son chiffre d'affaires. Yubo a réalisé 10 millions de chiffre d'affaires en 2019 et devrait le doubler pour cette année 2020. Même si la majorité des 31 emplyés se trouvent actuellement en France, les prochaines périodes devraient marquer un recrutement important outre-atlantique.
Ce nouveau réseau social dédié à la génération Z (16-21 ans) s’est vu convaincre les consommateurs et les investisseurs durant le confinement. La levée de fonds a pour objectif de s’attaquer au marché asiatique - encore plus grand - et de réconforter son modèle freemium.
Medadom
Medalom propose une solution de téléconsultation et vient de boucler son premier tour de table à hauteur de 40 millions d’euros. Le prochain objectif est de déployer près de 25 000 bornes et cabines connectées d’ici 2024 tout en recrutant 250 personnes.
Alors que l’identité des investisseurs n’a pas été divulguée, la startup parisienne se voit être un nouvel acteur du marché de la santé. Fondé en 2017 par Nathaniel Bern, Elie Dan Mimouni et Charles Mimouni, Medadom propose un service de téléconsultation qui garantit une prise en charge en 10 minutes maximum. Malgré un engouement pour la société, les questions de confidentialité, de déshumanisation restent toujours un frein pour les médecins et les patients… Serait-ce qu’une question de temps ?
LES SECTEURS LES PLUS ATTRACTIFS DU MOIS
Ce mois-ci on note une baisse notable des levées de fonds. Même si le mois d’octobre et de septembre avaient marqué un retour de l’activité du capital-risque en France, le mois de novembre nous pousse à nuancer nos propos concernant la reprise d’activité certaine du capital risque. D’un autre côté, il est certain que nous devrions connaître une croissance par rapport à l’année 2019, mais ça ne devrait pas être notre seul indicateur. Nous devons aussi comparer notre activité 2020 par rapport à nos hypothèses 2020 qui excluaient la crise du covid19. Alors nous pouvons mieux déduire certaines tendances du secteur.
De plus, il faut garder en tête qu’il y a une levée de fonds avec Innovafeed qui avec une somme de 140 millions d’euros gonfle le chiffre final. Il convient de noter que cette startup représente à elle seule 35% du montant total levé en novembre. De même que les autres levées de fonds restent assez modestes.
Ce mois de novembre ne doit pas nous pousser dans un scepticisme profond mais doit nous montrer que la crise aura des conséquences. Reste à voir comment se comportera le secteur pour le dernier mois de l’année. Vous pouvez compter sur nous pour une analyse approfondie de ce deuxième semestre, pour le moment vous pouvez consulter notre article consacré au premier semestre.