Avec un investissement global à la hauteur de 5,1 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année, soit 40% de plus qu’en 2018, l’investissement en capital-risque français s’est très bien porté en 2019. L’année 2020 a démarré très fort avec près de 877 millions d’euros levés en Janvier, constituant un record mensuel et dépassant le montant des levées de fonds pour l’ensemble de l’année 2012.
Cette tendance est portée par une augmentation du nombre des fonds et de la taille des fonds qu’ils ont sous gestion. Dans cet article, nous faisons le point sur les dynamiques et tendances d’investissements des fonds d’investissements français les plus actifs en 2019.
Petit rappel important : nous tenons à rappeler qu’il s’agit ici d’un listing basé sur des chiffres publics en termes de participations et non en terme de montants.
LE LISTING DES FONDS LES PLUS ACTIFS EN 2019
L’année 2019 a été une année record pour Bpifrance ! Bpifrance est en haut du classement chaque année, constituant le fonds souverain le plus actif au monde depuis 2010. Le fonds public a été un acteur incontournable de l’investissement dans l’écosystème tech français. À travers ses différents fonds thématiques tels que le Fonds Ambition Amorçage Angels (F3A), le Fond Ambition Numérique ou encore le Fonds Large Venture, Bpifrance a pris 105 nouvelles participations parmi lesquelles Manomano, Payfit, Doctolib et Talentsoft.
Kima Ventures, fonds détenu par Xavier Niel, a également battu des records cette année. Le fonds privé a effectué 57 participations au cours de l’année 2019. Kima Ventures a investi dans des sociétés de divers secteurs telles que Agicap (Fintech), Lunchr (Foodtech), Groover (Adtech).
Idinvest Partners connu pour la diversité de ses divers fonds (Eurazeo Capital, Eurazeo Growth, ou encore Idinvest Capital Innovation), s’est également démarqué cette année grâce à son activité. Ce sont 26 participations qui ont été réalisées en 2019. Idinvest a investi dans des startups telles que Malt, Ynsect et Heetch.
Le VC européen Elaia, a réalisé 21 participations pendant l’année 2019. Le fonds investi dans des startups du digital et de la deep tech. C’est donc sans surprise que le fonds a participé cette année aux levées de fonds de startups telles que Mirakl, Fretlink et Hyperlex.
Go Capital est le premier grand acteur régional dédié au financement des sociétés du Grand Ouest. Le fonds est spécialisé dans l’investissement en amorçage de sociétés Deep Tech, et acteur de référence dans le domaine de la santé et du médical (medtech, biotech). Parmi ses 17 participations en 2019, Go Capital a investi dans Acticor Biotech, Graftys, Green Impulse ou encore Weenat.
La banque française Crédit Agricole a été très active au sein de l’écosystème tech en 2019 avec 14 opérations réalisées. Les investissements ne sont pas uniquement concentrés sur les entreprises fintech. En 2019, le fonds a investi dans une foodtech comme Ynsect, startup de la cybersécurité comme Mailinblack ou encore de l’univers pharmaceutique avec Alizé Pharma 3.
Le fonds européen Serena se maintient parmi les fonds les plus actifs avec la réalisation de 14 opérations en 2019. Majoritairement, il s’agit de startups des secteurs de la Deep Tech, Saas & B2C. Le fonds a investi ainsi en 2019 dans des startups telles que Acinq, Uptime et Kardinal.
Le fonds d’investissement international a réalisé en France sur l’année 2019, 13 opérations d’investissement. Le fonds réalise des investissements dans divers secteurs avec un focus général sur les projets tech et digitaux. Les investissements réalisés en 2019 ont été réalisés dans des startups telles que Lifen, Joko et Lalilo.
Le fonds d’investissement Alven Capital a réalisé 12 opérations d’investissement en 2019. Le fonds se concentre sur les sociétés ayant un modèle “SaaS”, les startups spécialisées dans la Deep Tech et les “Data Driven Businesses”. Le fonds a investi dans des sociétés telles que Akeneo, Algolia et Madbox.
Le fonds européen Daphi a réalisé 12 opérations en 2019. Le fonds n’a pas de domaines de prédilection mais démontre cette année encore, son attachement à des startups démontrant un fort ADN européen. C’est pour cela que le fonds a investi dans des startups tel que Hemea (ex-travauxlib), Lunchr et Trusk.
Erratum: L’ancienne version de cet article a fait état de 12 opérations réalisées par Go Capital en 2019. Il s’agissait de 17 nouveaux investissements, pour un montant de 11 millions d’euros, en hausse de 65% par rapport à 2018. Toutes nos excuses pour cet écart de participations.
2019 OU L'EXPANSION DU GROWTH EQUITY
L’année 2019 a été une année très riche pour le capital-risque français. Avec un mois de juin 2019 record et un mois de Janvier 2020 déjà historique en termes de levées de fonds, certaines tendances se dégagent chez les fonds VC français. Nous pouvons parler d’une possible expansion du Growth Equity en France.
Ce stade d’investissement, à mi-chemin entre du Venture Capital & du capital investissement classique, intervient auprès de startups plus matures, déjà performantes, afin de les aider à accélérer leur développement et croissance.
Selon nos données internes, les fonds VC français ont investi un ticket moyen de 7,4 millions d’euros en 2019 contre 5,7 millions d’euros en 2018, ce qui illustre une augmentation réelle du ticket moyen. Ce mouvement s’inscrit parfaitement avec les différentes levées de fonds de 205 millions d’euros pour Meero et 150 millions d’euros pour Doctolib, respectivement mené entre autres par Idinvest et Bpifrance.
2019 a été aussi marqué par la création de fonds de Growth Equity français tel que Gaia Capital Partners au sein de l’écosystème. Le fonds a officiellement lancé cette année là le fonds Gaia Growth I avec 100 millions d’euros d’actifs sous gestion et déjà participé à la Série B de Welcome to the Jungle.
UN BUSINESS MODEL SAAS LARGEMENT DOMINANT
Doctolib ou encore Algolia. Ces startups possèdent la caractéristique commune de proposer à leurs utilisateurs de souscrire de manière mensuelle ou annuel à un modèle SaaS. Ce modèle de distribution de logiciel permet à ses utilisateurs de se connecter via des applications en ligne.
Le software-as-a-service (SaaS) offre aux startups un chiffre d'affaires stable, récurrent (de manière mensuelle ou annuelle), avec des possibilités de croissance exponentielles. Il est donc naturel que celui-ci ait capté près de 11% du montant total des investissements de l’année 2019.
SOFTWARE, MEDTECH, FINTECH: CES SECTEURS QUI ONT MARQUÉ 2019
Parmi les secteurs ayant le plus capté l’attention des investisseurs, nous pouvons mettre en avant 3 secteurs qui constituent près d’⅓ des fonds levés et des tours de tables :
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Le Software/SaaS, qui enregistre 946 millions d’euros levés, soit 11% du montant total de l’année. Algolia, Ivalua, Wynd, ContentSquare et près de 100 autres startups du secteur ont levé des fonds auprès de fonds tel qu’Idinvest Partners.
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La Medtech a capté 872 millions d’euros, soit plus du double du montant de 2018. BioSerenity, Dental Monitoring, Highlife et une centaine d’autres startups du secteur ont levé des fonds auprès de fonds tels que Bpifrance, Go Capital ou encore le Crédit Agricole.
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La Fintech a capté 536 millions d’euros en 2019, soit à nouveau plus du double du montant de 2018. Bankin’, Luko, FairMoney, Georges et plus de 60 autres startups du secteur ont levé des fonds avec Alven Capital et Breega notamment. Breega a été durant l’année 2019 l’un des fonds les plus actifs avec de nombreux investissement dont celui de la fintech LemonWay. Breega constitue l’un des seuls fonds d'accélération à proposer l'aide de quatre experts salariés de Breega qui travaillent à plein temps pour booster leur portefeuille de startups et accentuer leur approche “hands-on”.
D’autres secteurs ne sont pas en reste également. La Deep Tech est un sujet d’investissement porté par Go Capital et Bpifrance qui mettent un point d’honneur à augmenter leurs participations. L’intelligence artificielle, la biotech et l’e-commerce/marketplace ont enregistré un vif intérêt de la part des investisseurs en 2019.
QU'EN SERA T-IL DE L'ACTIVITÉ DE L'INVESTISSEMENT EN 2020 ?
Boostés par des montants records, les fonds VC français seront résolument encore plus actifs. Avec 5,1 milliards de fonds levés en 2019 et déjà 877 millions d’euros levés en Janvier 2020, tous les éléments portent à croire que les investisseurs français vont pouvoir continuer à investir massivement dans les fleurons de la technologie.
En effet, l’État français pousse les investisseurs institutionnels à investir d’ici à 2022 6 milliards d’euros dans l’écosystème tech français. Ces investissements vont permettre de dépasser nos concurrents européens en accélérant la création de licornes. Leurs promotions au sein de l’écosystème ont déjà été entérinées par des programmes tels que Next40 et FT120.
Attention toutefois à la concurrence de grands fonds internationaux. On vient d’observer en 2020 la venue et la consolidation d’acteurs internationaux dans l’écosystème français tels que le singapourien Temasek, le chinois Tencent, CVC Growth Partners, sans oublier les classiques fonds VC Accel Partners et Index Ventures.
Les fonds VC français auront donc la nécessité d’accueillir cette concurrence saine pour l’écosystème mais pouvant inciter les startups à directement se financer auprès d’acteurs internationaux plus importants. Ce dernier point sera donc à observer dans les mois à venir. Les VCs internationaux se pencheront assidûment sur les metrics que génèrent les différents types de startups. Ces metrics feront l’objet d’un article que nous publierons très prochainement.